Fille aînée du pasteur anglican Frederick Cavell, Edith voit le jour le 4 décembre 1865 dans le Norfolk. Naissent ensuite Florence, Lillian et Jack ont suivi dans la famille. Les 4 frères et soeurs sont éduqués à la maison par leur père, qui met l’accent sur la vie religieuse, les dix commandements, la compassion et le service aux autres. Très jeune, Edith crée une école du dimanche dans la paroisse et peint des cartes postales pour les vendre lors des réunions de l’église au profit de cette école. De 1881 à 1884, Edith est en internat, où elle est première de classe et excelle dans la maîtrise du français.
Edith reçoit d’une tante un petit héritage qu’elle consacre à un voyage sur le continent. Lors d’une visite dans un hôpital de Bavière où les patients sont soignés gratuitement, elle décide de faire don du reste de son héritage à l’hôpital.
En 1890, l’ancien directeur de l’internat lui propose un poste de gouvernante dans la famille François, à Bruxelles. Elle émet d’abord quelques réserves parce que la famille est catholique. Mais elle y voit aussi le signe que Dieu lui a préparé une place en Belgique et elle accepte le poste.
En 1895, elle retourne à Norfolk pour s’occuper de son père malade. C’est alors qu’elle s’intéresse aux études d’infirmière, Florence Nightinhale lui servant de modèle. Edith suit une formation de plusieurs mois en tant qu’assistante infirmière, puis en tant qu’infirmière à l’hôpital royal de Londres. C’est une période particulièrement intense pour elle, faite de cours et de travail. Toutefois, elle prend régulièrement le temps de prier avec un patient. Après avoir obtenu son diplôme, elle continue à travailler dans le même hôpital.
En 1897, une épidémie de typhoïde se déclare à Maidstone, dans le Kent. Edith, avec cinq autres infirmières, y apporte son aide. Sur les 1 700 personnes qui contractent la maladie, seules 132 meurent. Edith reçoit la médaille de Maidstone pour son travail.
À la demande du docteur Antoine Depage, Edith Cavell repart pour Bruxelles en 1907, où elle prend la direction de l’École Belge d’Infirmières Diplômées, nouvellement créée. Auparavant, les soins aux malades des hôpitaux étaient confiés aux membres des paroisses catholiques romaines qui, bien que dévoués, ne disposaient d’aucune formation théorique. Marie Depage, l’épouse d’Antoine, assiste Edith Cavell dans son travail. Edith écrit chez elle : « La vieille idée selon laquelle il est honteux pour les femmes de travailler a toujours cours en Belgique, et les femmes de bonne famille et bien éduquées pensent encore perdre leur dignité en gagnant leur propre salaire. » Le prestige de l’école augmente lorsque la reine Élisabeth de Belgique se casse le bras et fait appel aux soins d’une infirmière qui en est issue.
Lorsque la guerre éclate, Edith est en visite chez sa mère, veuve, dans le Norfolk. La population fuit en masse les villages et les villes et rares sont ceux qui restent. Edith Cavell elle-même retourne à Bruxelles, où l’école a été transformée en hôpital par la Croix-Rouge. Elle demande aux infirmières de soigner tous les blessés, quelle que soit leur nationalité.
A partir de septembre 1914, l’hôpital accueille également des soldats anglais. Edith organise pour eux, ainsi que pour les soldats belges et français, des filières d’évasion vers les Pays-Bas neutres (en partie sous l’influence de Marie Depage). Bien que dans toute la ville, des affiches aient été placardées : toute personne accueillant ou aidant des réfugiés sera sévèrement punie.
Début 1915, Marie Depage part pour l’Amérique sur le Lusitania afin de récolter des fonds pour l’aide à la guerre. Avec 1190 autres personnes, elle meurt lorsque le navire est torpillé par un sous-marin allemand.
A Bruxelles, Philippe Baucq, chef de la résistance à Bruxelles, est arrêté en possession d’une liste de noms. Edith Cavell est du nombre. Le lendemain, le 5 août 1915, Edith est arrêtée par la Polizeistelle B Brüssel et accusée d’avoir «hébergé» et «caché» des soldats. Elle avoue avoir aidé au transit de 60 militaires anglais (ce qui a pesé le plus lourd dans le verdict), d’avoir emmené 100 Français et Belges (aptes au service militaire) et d’avoir hébergé plusieurs d’entre eux.
Avant son exécution, le 12 octobre 1915, le pasteur Gahan est autorisé à partager une heure avec elle. Ses dernières paroles furent les suivantes : « Alors que je me tiens, devant le Seigneur aux portes de l’éternité, je me rends compte que le patriotisme ne suffit pas. Je ne dois non plus éprouver ni haine ou ni amertume envers quiconque». Edith est abattue sur le National Tir, le cimetière aujourd’hui situé sur le terrain de la VRT à Schaerbeek.
Son exécution suscite l’indignation de la communauté internationale. En mai 1919, sa dépouille est exhumée et une cérémonie est organisée en présence du roi Albert Ier de Belgique. Son corps est d’abord rapatrié à l’abbaye de Westminster, en présence du roi d’Angleterre George V, puis enterré dans la cathédrale de Norwich.
Elle a reçu de nombreux honneurs à titre posthume :
– En 1915, une nouvelle école d’infirmières et un hôpital à Uccle est baptisé d’après l’héroîne, les jardins accueillent des sculptures qui lui sont consacrées.
– Son nom est donné à des rues, des places et des hôpitaux en Belgique, en France, aux États-Unis et en Afrique du Sud.
– Une plaque commémorative est accrochée à la Kortrijksesteenweg 128 à Gand, à l’endroit où se trouvait le café « De Stad Oudenaarde » et où elle avait régulièrement rendez-vous avec les services secrets.
– Le Sénat belge a commémoré le 100e anniversaire de sa mort en 2015 et un buste a été inauguré par la princesse Astrid de Belgique et la princesse Anne de Grande-Bretagne au parc Montjoie à Uccle.
Des hommages ont également été rendus à sa personne à l’étranger :
– Le wagon qui a transporté la dépouille de Douvres à Londres a été préservé en tant que mémorial et reste exposé à la gare de Bodiam.
– À Londres, une statue lui est érigée à St Martin’s Place et un monument à Trafalgar Square.
– Un anneau de la planète Vénus porte son nom.
– L’Église anglicane la commémore chaque année le 12 octobre.
– Le mémorial en pierre de Paris est détruit par Hitler lors de sa visite dans la ville en 1940.
Josiane Tytens in Kerbrief, Gand-centre
Photo : https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Edith_Cavell#/media/File:Edith_Cavell.jpg